L’eau est une préoccupation des villes et des campagnes depuis longtemps, pour la vie quotidienne des hommes, du bétail et l’irrigation des terres. En 1447-1448, en réponse à une demande de La Rochette et Gap, le dauphin Louis II, futur Louis XI, autorise la ville de Gap (7 000 habitants environ), à construire un canal appelé canal d’Ancelle ou de la Gravière, pour prélever l’eau du torrent de Rouanne. Ce canal fonctionna plus ou moins régulièrement jusqu’à la Révolution, en générant dès 1450 des différends, des actions délictueuses et des procès interminables. A cette époque, Ancelle irriguait déjà ses terres ; on trouve la mention d’un « béal » (canal) des Taillas en 1390 (« Bedale Talhiatarum »).
Dans le Champsaur, l’irrigation était aussi un souci pour les habitants de Saint-Laurent-du-Cros. En 1442, le 19 novembre, le Conseil delphinal autorise le creusement du « béal de Saint-Laurent-du-Cros ». Cet accord est assorti de conditions : un aqueduc permettrait aux eaux du Drac de franchir le torrent d’Ancelle ; le bois destiné à la construction de cet aqueduc serait fourni par les habitants de Saint-Laurent qui le conduiraient à pied d’œuvre ; le canal serait couvert de pierres, pour empêcher les enfants de tomber dans l’eau. Ce projet a été initié, mais pas achevé. Au XIXe siècle, le besoin est identique, et le « canal de la rive gauche dit canal de Pont du Fossé », d’une longueur d’environ 30 km, est achevé en 1882 ; il fonctionnera jusqu’en 1969. L’aqueduc imaginé au Moyen Âge est réalisé en pierre de taille. Précédé d’un tunnel de 282 m de long, cet ouvrage imposant de 75,80 m de long est composé de six arches, l’arche principale a une hauteur de 9 m et un rayon de 5 m. Les piles reposent sur un socle en schiste, et sont d’une hauteur de 4,70 m. Très dégradé, l’aqueduc en péril d’écroulement a été entièrement restauré en 2012 ; la commune d’Ancelle a participé au financement du sauvetage de cet ouvrage d’un grand intérêt patrimonial.
