Les églises et chapelles
L’histoire des édifices religieux d’Ancelle est incomplète et imprécise, surtout pour les origines des églises au Moyen Âge. Au Xe siècle, la paroisse d’Ancelle est rattachée à l’abbaye bénédictine de Brême (Province de Pavie en Lombardie) après la destruction de l’abbaye de la Novalaise. En 1152, une bulle papale de Eugène III, mentionne huit églises du Champsaur, dont celles de St-Félix de Faudon et St-Martin d’Ancelle ; de nombreux auteurs les situent au Mont St-Philippe et au Château.
En 1509, dans son testament, noble Benoit de Bataille, fait des dons aux églises St-Martin (exactement St-Martin-de-Tours) et Ste-Catherine-du-Château (que l’on pense dater fin XIIe – début XIIIe). En 1516, le rôle des décimes (Dixième partie des revenus ecclésiastiques, versée par le clergé), confirme l’existence des deux églises « Duo curati de Ancelle » (2 cures à Ancelle et Château d’Ancelle).
En 1701, l’église Ste-Catherine sera réparée par deux « mestres massons, menussiers et charpantiers » d’Ancelle. Au milieu du XIXe, les maisons accolées au chevet sont détruites, l’église est reconstruite et le cimetière est déplacé sur l’emplacement de l’ancien « fort St-Catherine », mais pas clos.
Au milieu du XXe, la route est détournée au sud de l’édifice. Pour l’église St-Martin, les visites pastorales de l’évêque nous révèlent qu’en 1599 l’église « il a treuvée entièrement ruynée et demolie, excepté ung pan de muraille, sera rebastie sur les vieulx fondements bien et deuement, couverte, blanchie et ornée » ; en 1646 « Le clocher est basty à neuf, la nef est sans voulte couverte neantmoings d’ardoises » ; en 1686 l’église est en bon état, mais la communauté doit fermer « de pierres le cimetier aux endroits qui sont ouverts, mettant à l’entrée une porte ou grille de bois pour empecher les betes d’y entrer ».
Entre 1841 et 1845, l’église est rebâtie, et en 1864 le cimetière situé autour de l’église est déplacé au quartier du Sarret. L’essentiel des travaux des églises était à la charge de la communauté.
Les hameaux des Matherons, de St-Hilaire, des Faix et du Collet avaient une chapelle.
La chapelle St-Pierre-ès-Liens des Matherons date de 1803 ; la chapelle de St-Hilaire fondée au XVIIe siècle a disparu au milieu du XIXe, et remplacée par une chapelle moderne. De la chapelle des Faix, il ne subsiste qu’une panelle (clocher-mur) avec sa cloche. La chapelle St-Jacques du Collet, mentionnée au XVIIIe, est entièrement ruinée.
Les fours
Les fours banaux, c’est-à-dire appartenant au seigneur donc soumis au droit de banalité, étaient utilisés obligatoirement par les communautés contre paiement d’une redevance annuelle de « fournage » payable en grains « froment, seigle ou avoyne ». Le four de porte Guine qui semble très ancien, est géré en 1720 par 23 « pariers » (« associés ») du quartier.
En 1733 et 1743, dans un autre quartier, le « fourt du foussa » regroupe plus de 20 « pariers ».
En 1734, deux actes notariés décrivent la vente et l’expertise d’un four privé situé sur la place, « fourt de place, en mauvais etat, couvert de chaume à trois apants, la voutte du four à cuire le pain etant en mauvais etat estant hors de servir à pouvoir cuire le pain ». Le four du fossé est difficile à identifier et le four de la place a disparu.
En 1830, en raison de l’habitat dispersé et de la forte population, la communauté compte 24 fours recensés sur le cadastre napoléonien. Les fours communaux sont au bourg (au nombre de 5 : porte Guine ; Sagnonne ou Champ Crompa ; les Boissets ; champ de Lière ; Serre Eynier), au Château (2 fours), aux Faix (1), aux Matherons (1), à St-Hilaire (1), à Moissière (1) et au Collet (1). Les familles des lieux de vie éloignés ou isolés ont des fours particuliers : château Lombard (1) ; à Moissière maison Prince (1) et maison Arthaud (1) ; maison Clement (1, aujourd’hui la Martégale), vallée de Rouanne (7) et Sauron (1). Les fours particuliers de la vallée de Rouanne sont déclarés démolis à la fin du XIXe (sauf celui de la maison Garnier). Aujourd’hui, les habitants entretiennent et font vivre les fours de porte Guine, du Serre (la Condamine construit en 1901), du Château et des Matherons.
La mairie, ancienne école libre
Au XVIIe siècle l’école existait déjà, mais saisonnière et en dehors des périodes agricoles. En 1669, le 7 décembre, la communauté passe un acte de « bailh à prisfaict pour mestre descole à mestre François Boisset le 7 Xbre 1669 ».
En 1789, quand les Français rédigent leurs cahiers de doléances, les communautés du Dauphiné reçoivent, à partir du 28 février, le questionnaire (formaté comprenant 24 questions) élaboré par la Commission intermédiaire des Etats du Dauphiné. La communauté d’Ancelle déclare 25 livres de dépenses (par an, soit le prix de 2 à 3 brebis, environ 350 €) pour le régent d’école. En 1833, à Ancelle, par décision du conseil municipal, la rétribution de l’instituteur est de 0,75 franc par mois et par élève (moins de 3 euros). Au XIXe siècle Jean Baptiste Brun, ancien instituteur d’Ancelle (1822-1884) s’était engagé, s’il gagnait une grosse somme à la loterie, de l’affecter à la fondation d’écoles catholiques.
Peu de temps après sa mort, l’un de ses numéros gagnait 100 000 francs (soit environ 300 000 €). La construction est réalisée dans les années 1885-1887 ; dans le recensement de 1886, figurent 15 ouvriers « étrangers à la commune attachés aux chantiers temporaires de travaux publics », sans aucun doute pour les travaux de l’école qui est inaugurée le 1er octobre 1887. Victime d’un incendie en 1894, l’école sera fermée en 1919. Après diverses fonctions, elle est achetée par la commune en 1995. Depuis 2006, elle accueille la mairie et la médiathèque.
Le moulin Bresson
Dès le début du XIVe siècle, les moulins seigneuriaux d’Ancelle sont mentionnés. En 1311, Jean II dauphin de Viennois et comte d’Albon, seigneur de la Tour, châtelain de Saint-Bonnet et de Montorcier autorise les hommes de la communauté « de notre Château d’Ancelle, son village et tout son mandement » à utiliser contre paiement d’un droit (payé en grains 2/3 froment et 1/3 avoine), l’usage de l’eau d’Ancelle pour les « moulins à grains, moulins à huile, moulins à foulon, et tous sis sur le terroir, les terroirs et le mandement desdits château et village d’Ancelle ».
On trouve donc deux moulins à Ancelle (le gros et le petit moulin appelé « moulinou ») et deux moulins au Château. Le moulin Bresson est récent, il a été ajouté à une scierie, déjà existante, construite vers 1836. Malgré l’opposition des deux meuniers du village, le 4 avril 1841, le conseil municipal donne un avis favorable à la construction du moulin, sous réserve que le chemin rural qui passe devant « qui sert à tous les habitants pour faire le transport du bois et servant aussi aux deux hameaux des Mias et Rouanne, ainsi que pour aller aux montagnes pastorales » reste ouvert. Jean Bresson obtint l’autorisation de construire un moulin (à deux tournants et un blutoir) par un décret de L. N. Bonaparte le 31 juillet 1850 ; la recette du bâtiment fut réalisée en 1862. La famille Bresson (issue d’une famille Dusserre Bresson de St-Jean-St-Nicolas au début du XVIIIe siècle) exploitera le moulin, la scierie et un four à chaux jusqu’au milieu du XIXe siècle.
Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins
Les Journées ont pour objectif de faire découvrir et sensibiliser un large public au patrimoine régional, de pérenniser le travail des acteurs de la culture, de partager les savoir-faire et traditions des régions et de sauvegarder l’héritage commun. Cette année elles auront lieu du 21 au 23 juin.
Fort d’un patrimoine historique important, la mairie d’Ancelle participe à cet évènement national. Le samedi 22 juin, une visite du moulin Bresson et de son parc seront organisées. Se sera l’occasion de découvrir les secrets de ce moment bien plus connu pour l’organisation de festivités plus que pour son coté patrimonial. Gérard Godrie, historien bien connu dans les Hautes Alpes en compagnie de Bernard Accompagnateur Moyenne Montagne seront vos hôtes, ils vous accompagneront également pour une découverte du patrimoine de pays (chapelle et four banaux du village en VTT à travers les hameaux du village.
Inscription à l’office de tourisme pour participer à cette belle journée. Gratuit.