Le parcours découverte d'Ancelle
La mairie d’Ancelle s’est doutée à l’été 2023, d’un nouveau parcours proposant la découverte de l’histoire du village. Guidée par Gerard Godrie, passionné d’histoire et du village, ce projet vise a mettre en avant l’histoire et le patrimoine du village à travers un circuit pédestre de 8km jonché de panneaux explicatifs.
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Les temps anciens
A partir du réchauffement climatique et du recul des glaciers, il y a 15 000 ans environ, les vallées et montagnes du Champsaur furent fréquentées par des chasseurs-cueilleurs, puis occupées par les premiers agriculteurs autour de 5500 avant J.-C. (Néolithique). Dès le Néolithique final/âge du Bronze (- 2500 avant J.-C. environ), les vestiges de structures pastorales (des premiers bergers) découverts au-dessus de 2000 m d’altitude suggèrent fortement la pratique d’une « petite transhumance » entre les vallées et les pâturages d’altitude. Jusqu’à la fin de la période romaine, la population reste faible, mais il y a du monde dans tout le Champsaur.
La première mention écrite d’Ancelle apparaît en l’an 739 dans le testament d’Abbon, aristocrate de souche gallo-romaine et grand propriétaire terrien. Ce document mentionne aussi trois autres lieux du terroir d’Ancelle : Alpis Cassauda, Altana et Curenna, lieux que les historiens traduisent en Casses de Faudon, Autane et les Cures (sans doute un domaine agricole non situé).
Ensuite les sources écrites sont rares, et parfois contradictoires. Il est à peu près certain toutefois qu’après la destruction de la tour de Faudon (1297), un château est édifié dans la vallée, comme en atteste le nom du village du Château d’Ancelle, mentionné dès 1311 « Château d’Ancelle, son village ». Ce château qui occupait la plateforme du cimetière du Château était de dimension modeste (100 m x 50 m) ; la paroisse Sainte Catherine se forme au pied du château. L’historien Joseph Roman affirme, sans donner sa source, que ce deuxième château aurait été démoli en 1425, ce qui est plausible. L’état des feux (foyers fiscaux) du mandement de Faudon de 1337 indique 146 feux pour Ancelle village et ses hameaux rattachés (Les Matherons, Les Faix, St-Hilaire, Moissière et la vallée de Rouanne) soit environ 650 habitants, et 88 feux pour le Château (et ses hameaux du Collet, de Sauron et de Chaume Froide) soit environ 400 habitants. La peste de 1348-1349, causera une perte démographique de plus de 50 %, perte qui sera lentement compensée en trois siècles.
Ces chiffres du « recensement » de 1337 indique donc qu’une grande partie des habitants étaient déjà établis sur la rive droite depuis fort longtemps. Ce village devient rapidement le bourg principal avec ses hameaux, constituant ainsi une nouvelle paroisse dédiée à Saint Martin. Les textes de notaire (en latin) détenus par les Archives départementales de l’Isère mentionnent « une masure située sous la porte de la dite ville » (1374), « une masure à la ville d’Ancelle qui jouxte le fossé et le chemin public » (1387), « une masure à la ville d’Ancelle près la porte Guine » (1406).
Les habitants d’Ancelle forment très tôt une communauté civile chargée de régler les relations avec les seigneurs, notamment pour ce qui concerne l’usage de l’eau (pour le fonctionnement des moulins et autres « usines »), des fours, des bois et des pâturages de montagne. Dès le XIVe siècle, Ancelle occupe une place particulière dans la gestion de la transhumance, elle constitue la « porte d’entrée » des troupeaux des « bergers d’Arles », qui vont vers les « montaignies de Jausselme, Champolion, Gaudemar, Freyssinières, Largentière et autres », sans oublier la vallée de Rouanne (appelée à l’époque vallon Dauphin et vallon des Monges).
Les temps modernes
Le troisième château d’Ancelle est édifié sur la rive droite, à mi-distance du village d’Ancelle et du village du Château, vraisemblablement au tout début du XVIe siècle. C’est un château dont l’architecture est encore médiévale, avec tours et pont-levis. Situé à l’extérieur du bourg, au couchant, il appartient alors à la famille Rambaud, dont la renommée atteint son apogée sous les guerres de religion. Jacques Rambaud, prévôt de la cathédrale de Gap, épouse en 1561 la religion réformée. Son frère Antoine, dit le capitaine Furmeyer, prend Gap en 1562. Ancelle est alors, avec St-Laurent-du-Cros, un des principaux centres de la Réforme en Champsaur, les grandes familles du village étant liées à Lesdiguières, chef des Réformés.
Le Grand Siècle (XVIIe) ramènera Ancelle dans le giron de l’Eglise romaine. En 1688 le temple, situé au quartier de champ Crompa, est démoli. En 1692, les guerres de la Ligue d’Augsbourg provoquent la destruction d’une partie d’Ancelle. Les Montauban, qui ont remplacé les Rambaud, ne résident qu’épisodiquement à Ancelle et leur château passe à la famille d’Hugues. Lorsqu’éclate la Révolution, le château d’Hugues, loué à des fermiers d’Ancelle comme domaine agricole, et la « Montagne de Rouanne », louée à des bergers d’Arles, sont vendus aux enchères. Le château est démantelé et ses pierres ornent aujourd’hui plusieurs maisons du village.
Le domaine de la plaine de Lachaup est réparti en 53 lots acquis par des propriétaires d’Ancelle, en 1838, le domaine pastoral de Rouanne appartient à vingtaine de propriétaires d’Ancelle et d’ailleurs.
Le quatrième château d’Ancelle, édifié par la famille d’Orcières au milieu du XVIe siècle, est le seul qui existe encore. Ayant successivement appartenu aux Rousset, aux Estienne de Saint Jean et aux Provensal, il est aujourd’hui appelé Château Lombard. La façade du corps de logis, à croisées et à baies en accolade, a été profondément remaniée au milieu du XXe siècle.
Avec la Révolution, Ancelle prend en main son destin. Sous la Convention, la vente des biens nationaux permet une profonde réforme agraire. Les propriétés de l’Eglise (prieuré de Romette) et des nobles émigrés sont vendues aux enchères entre 1792 et 1794 et rachetées par des Ancellus. Le Château est rebaptisé Petit Ancelle, celui du chef-lieu Grand Ancelle. Intégrée dans le canton de La Bâtie Neuve (1790), Ancelle passe ensuite dans celui de Saint Bonnet (1800). Au XIXe, Ancelle atteint son maximum de population en 1851 (1196 hab.). A la fin du XIXe-début XXe siècle plus de 600 de ses enfants quittèrent la vallée pour émigrer aux Amériques et principalement en Californie ; une grande partie de ces émigrés revinrent au pays, mais plus de 110 décédèrent aux Amériques. Malgré la saignée de la Première guerre mondiale (44 poilus dont les noms figurent sur le monument aux morts), Ancelle retrouve la voie du développement dans la première moitié du XXe siècle, notamment grâce à l’établissement d’une ligne téléphonique entre Ancelle et St-Bonnet (1913), l’arrivée de l’électricité (1922), l’établissement d’un bureau de facteur-receveur avec courrier en voiture jusqu’au refuge de Manse (1922) et surtout le développement du ski de loisir à partir des années 50.